Ça y est ! Nous avons accouché de notre petit bébé scénaristique ! On le regarde, on l’admire, on a le sentiment d’être satisfait ! Et bien je peux vous le dire, ce sentiment ne va pas durer ! En effet, plus le temps va passer, plus notre cerveau aura envie de refaire des scènes… le cercle vicieux du scénariste – comme l’auteur d’un roman – qui a chaque relecture trouve quelque chose à dire, et à redire… et encore… et encore… Donc, voici les quelques conseils pour la délicate phase du « on fait quoi lorsqu’on a fini ? »
Conseil n°1 : document papier ou fichier sur l’ordinateur ?
Une question qui peut paraître bête, mais qui ne l’est pas ! Personnellement, avant même une première relecture, j’imprime et je relie ! À tous les scénaristes, je conseille d’investir dans une bonne relieuse ! Pourquoi une version papier ? La réponse est simple : la facilité de l’emporter partout d’une part, afin de travailler dessus, mais aussi, d’autre part, dans le but de le prêter aux futurs éventuels lecteurs. Pour ma part, mon premier réflexe, j’imprime et je relie mon scénario. Je fais ça avant même ma première lecture de correction.
Conseil n°2 : des avis extérieurs en pagaille !
Le fait de posséder une version imprimée et reliée amène au point numéro 2 : faire lire son scénario ! C’est un conseil que je ne répéterais jamais assez ! Et là, ne soyons pas trop exigeant : des amis, la famille… un peut tout le monde. Le problème, c’est qu’en règle général, les gens n’aiment pas lire de scénario. Ils sont trop habitués au roman et longues descriptions ! Il est donc souvent délicat de trouver preneur.
Par ailleurs, dans cette phase de relectures extérieures, il faut faire en sorte de ne surtout pas lire soi-même son scénario. Ce sera une autre phase. Cette phase correspond au recul de l’auteur. Dans le cas où vous ne trouvez pas de lecteurs, ne vous lancez pas de suite dans une relecture. Attendez au moins 1 voir 2 mois avant de replonger dans votre histoire.
Enfin, une dernière chose. Si on demande des avis critiques extérieurs, ce n’est surtout pas pour dire que ces avis sont nuls et qu’ils ne valent rien ! Évidemment, dans les critiques, il y en a prendre et à laisser, mais un scénariste doit rester ouvert. Des critiques et des remarquent doivent aider le scénariste à avancer et à repenser certaines choses.
Conseil n°2 bis : des avis plus aiguisés…
Avec internet, une autre possibilité existe. Solliciter des scénaristes pros et/ou amateurs et /ou semi-amateurs pour avoir un avis. Pour l’avoir fait, cette technique a ses avantages – prise de contact avec d’autres scénaristes, élargissement de connaissances, collaborations réciproques… – et ses inconvénients – charlatans, voleurs d’idées… –
À une époque pas si lointaine, il y a avait des forums d’entraide de scénaristes… En fait surtout un qui était très connu ! Petit retour en arrière… Avant, il y avait l’UGS anciennement « Union Guilde des Scénaristes » qui s’est transformé aujourd’hui en « Guilde Française des Scénaristes ». Cette fameuse « Guilde » d’aujourd’hui, qui ne sert pas trop grand à chose, avait sous l’ère « UGS » une particularité qui aidait beaucoup : un forum !
Un forum très animé et instructif où se côtoyaient des pros, des amateurs, des débutants, et même des producteurs… Et à cette époque, certains scénaristes pros n’hésitaient pas à faire des lectures complètes de scénarios ! Ce forum était une mine d’informations !
À la fermeture de l’UGS, suivra « la mare à scénars » # lancée par une ancienne de l’UGS : PAULINE COSTE. Là aussi, un forum d’entraide sans précédent ! Je faisais parti des membres actifs ! J’ai accompagné ce site dès l’ouverture jusqu’à sa fermeture. Nous formions une belle bande de # « galériens de l’écriture » ! Le système était simple : Pour une lecture faite pour un autre, on avait droit à sa lecture critique. Le forum tournait à plein régime ! J’ai beaucoup appris sur ce forum.
Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, lui aussi a fermé ! Du coup, avec les anciens, nous avons relancé notre propre forum : l’atelier des scénaristes. Malheureusement, le site traverse actuellement une grosse période de léthargie chronique… Dommage… Dommage. .
Fermons cette petite parenthèse juste pour dire qu’avant c’était mieux et qu’on pouvait trouver des conseils et des suggestions grâce aux forums d’entraide entre scénaristes.
Conseil n°3 : ne pas négliger sa phase de relecture !
Alors là, c’est LE MOMENT auquel il faut consacrer le temps et la motivation ! C’est le moment privilégié où le scénariste va devoir trancher ! Après cette phase, Plus de tournoiements, plus de zones d’ombres ou de séquences en attente du fameux « on verra »… Bref, il faut se décider !
Là, on instaure un objectif et un temps précis. Au moins 2 voir 3 heures, dans un endroit calme, à l’abri du portable, de la femme, des mioches, de tout. Un endroit calme. Il ne faut pas oublier qu’il vient de se passer au moins un, voir deux mois. D’un côté, le scénario relié, de l’autre, les remarques et suggestions issues des avis extérieurs, et en face de vous, le scénario sur votre ordinateur.
Et là, on y va franchement ! On corrige, on tranche, on décide de supprimer, de rajouter… On finit cette version. J’insiste sur l’objectif de finir, car sinon, le cercle vicieux de la correction continuera sans arrêt… et sans se rendre compte, on a très vite fait de tourner en rond !
Conseil n°4 : les pistes pour concrétiser !
Notre scénario est enfin fini ! Oui, fini est un grand mot je le conçois, mais là, on peut considérer que la version 1 est prête ! Et maintenant, on fait quoi avec cette V1 ? On va grossir le dossier sur le bureau de l’ordinateur ou traîne les autres scénarios ? Ou bien on décide de se jeter dans l’arène cruelle et sans pitié de la concrétisation ?
Pour concrétiser un scénario, plusieurs pistes sont possibles. En premier lieu, l’appel d’offres d’une société de production. Là encore, internet est une mine d’informations. On peut en trouver sur des sites spécialisés – MAISON DU FILM COURT, des forums – L’ATELIER DU SCENARISTE, CINEASTE ET CINEMA-, mais aussi en étant abonné à des lettres d’informations – CINEASTE.ORG –
Un bémol toutefois, 95% des annonces pour des scénarios concernent essentiellement le court métrage et des propositions de collaboration avec des réalisateurs. Et il faut se méfier de toutes les annonces ! Toujours faire des recherches sur les sociétés via UNIFRANCE, le site référence qui
répertorie l’ensemble des sociétés de production et de diffusion cinéma et/ou télévision.
En second lieu, centrer ses recherches sur des bourses d’aide à la création et/ou au développement. Pour ça, il faut s’adresser au fameux CNC : Centre National de la Cinématographie. Et là, je vais de suite casser le mythe ! En effet, derrière ses allures d’aide aux jeunes auteurs et à la création, le CNC est très peu accessible et les chances d’avoir une aide pour un jeune scénariste sans contact sont très faibles. Et c’est un ami qui a siégé plusieurs fois en commissions d’attribution qui m’a confirmé cette information !
Heureusement, il y a aussi d’autres bourses : BEAUMARCHAIS, LAGARDERE… Mais là encore, je vous rassure, ou plutôt je continue à vous démoraliser, elles sont tout aussi difficiles à décrocher !
Autre possibilité : la collaboration avec un réalisateur. Là, c’est une sorte d’échange de bons procédés. On aide un réalisateur à finir son scénario, le plus souvent du court, et en échange, il peut appuyer notre scénario auprès de ses contacts. Là, c’est une option à envisager sur le temps.
Néanmoins, ce genre de propositions pullulent, mais débouchent souvent sur rien. Certains réalisateurs peu scrupuleux n’hésitent pas à se débarrasser du scénariste lorsqu’il a eu ce qu’il voulait. On peut dire que pour 10 annonces de ce genre, une seule débouchera sur une relation de travail concrète. J’ai testé !
Dans le prolongement des aides, il y aussi les concours de scénario : CONCOURS NOUVEAUX CINEMA, SOPADIN, FESTIVAL DE BRIVES, D ORLEANS, FESTIVAL INTERNATIONAL DES SCENARISTES… l’avantage ici est que le long et le court se croisent. Ces concours sont généralement ouverts à tous les auteurs. Il faut tenter, car contrairement aux aides, les chances sont « un peu » plus ouvertes.
Avant dernière piste, tenter de décrocher des aides régionales. En effet, on a tendance à ne pas le savoir, les Mairies – des grandes villes de préférence -, mais aussi les Conseils Régionaux via des agences de développement cinématographique peuvent octroyer des aides à l’écriture et/ou au développement. Ne pas hésiter à se renseigner. Le plus efficace serait de s’associer à un réalisateur afin de monter un projet de court métrage. Là, vous seriez sur les deux tableaux : une collaboration fructueuse et un projet abouti !
Et enfin, dernière possibilité : Le démarchage direct et spontané ! De quoi s’agit-il ? Simplement, vous récoltez les adresses mails des sociétés de production et vous leur envoyez votre scénario, accompagné de la note d’intention. Pour les plus audacieux, et accessoirement les plus riches, vous pouvez même envoyer votre scénario imprimé et relié par courrier à une société ciblée. Là, effet garanti ! Mais bon, l’avantage du mail, c’est la quantité et le ciblage massif.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette piste n’est pas une perte de temps, loin de là ! Pour l’avoir testé, j’ai eu plusieurs retours de producteurs concernant des scénarios. D’un rendez-vous à des commentaires, voir même des conseils… Bref, une piste constructive !
Donc voilà, reste à savoir ce qu’on veut. Soyez audacieux et patient.
Jean Claude