L’inspiration sous toutes ses formes

Eh oui ! Le plus dur est toujours de commencer. Ce propos est encore plus vrai dans le monde (merveilleux) du scénario ! Avant de prendre une décision, les idées trottent dans la tête, en vrac, sans lien entre elles. Le vrai travail débute lorsque l’on met à l’écrit tous ces morceaux d’informations.

La première source d’inspiration est aussi la plus évidente. On a une idée ! Elle arrive comme ça, sans mode d’emploi, à l’état brut. Elle peut être tout et n’importe quoi à la fois : une séquence, un personnage, un lieu, un début d’intrigue, un milieu, une fin… Cette vision d’un projet, nous l’avons déjà traité au détour de l’article « Commencer par l’idée ! ».

A ce stade, j’ai un conseil simple et efficace : ayez toujours un petit carnet à portée de main pour pouvoir tout noter !

Car mettre une idée dans un coin de la tête, c’est comme mélanger les clés de sa voiture avec 150 autres et se dire qu’on la retrouvera facilement ! Je parle en connaissance de cause. Les obligations quotidiennes ont vite fait de balayer cette idée qui traîne. Rien de plus frustrant pour un auteur de savoir qu’il avait une bonne idée, et de ne plus la retrouver…

Seconde source d’inspiration : le fait divers, le reportage télévisé, le témoignage… On tombe par hasard sur une histoire qui nous intéresse et dans notre imagination germe notre futur scénario.

A partir de là, et grâce à Internet, on se transforme en enquêteur. On cherche et trouve rapidement toutes les informations nécessaires à notre scénario en herbe.

Et enfin, il y a une troisième forme d’inspiration. On pourrait la qualifier de « plagiat indirect ».

Je m’explique. Vous regardez un film qui vous inspire à un tel point que vous avez envie de rédiger un scénario suivant le même modèle.

Les films demeurent une bonne source d’inspiration. Ils obligent à se renouveler et à prendre du recul sur notre travail en cours. Comme je le dis souvent, en tant qu’auteur, on baigne dans notre histoire. Un film peut nous faire sortir de notre univers afin de découvrir autre chose, créer une nouvelle histoire.

Pour ma part, je fonctionne beaucoup comme ça. En effet, si j’apprécie vraiment un film grâce à l’histoire, les personnages, l’ambiance, le genre ou n’importe quel autre élément, j’ai souvent envie de reproduire un peu le même schéma dans mon prochain scénario.

Le plus dur est de commencer

Donc, on a son idée… mais ce n’est pas encore le moment de s’installer devant son clavier et commencer à écrire… Plusieurs écoles s’affrontent.

Il y a ceux qui écrivent directement un début de scénario, un enchevêtrement de séquences sans rapport ni lien. Le but de l’opération est de mettre à l’écrit ses idées de façon brute. Certains, pris d’une « transe » créative peuvent aligner de nombreuses pages avant de s’arrêter.

A partir de ce début de continuité, on élabore un plan en tentant d’y inclure les différentes séquences tout en prenant le temps de s’attarder sur la création des personnages. A cette méthode, il y a un inconvénient. En effet, on relie des séquences existantes par un plan élaboré après coup alors que, normalement, on fait le contraire. Toutefois, comme je le répète, les règles ne sont pas gravées dans le marbre.

Une autre méthode consiste à écrire toutes les idées sur des post-it ou des fiches bristol. Il s’agit ici d’une phase de récolte. On se fixe ou non un délai de réflexion plus ou moins important. Chaque fois qu’on a une idée de séquence, de personnage, d’intrigue… on la note. On en accumule le plus possible.

Deux possibilités pour la suite

Au terme du délai qu’on s’est donné ou pas, on estime avoir assez d’informations pour élaborer un plan. A partir de là, on trie et met dans l’ordre l’accumulation d’idées. Petit à petit, à force de placer et de déplacer, on esquisse un plan. On relie les futures séquences entre elles, et on comble les trous par d’autres idées…

L’autre possibilité, celle que je conseille d’ailleurs, est de procéder d’entrée au triage des notes. Par exemple, on peut classer les papiers en fonction de catégories : intrigue, personnages, séquences, etc.

Car il est plus facile de « finaliser petit à petit » que de revenir depuis le début des post-it et se taper le tri de 500 idées…

Les personnages

Avant d’attaquer le plan, il faut commencer à créer les personnages. Pourquoi j’utilise le terme « commencer » ? Car à ce stade, que ce soit le plan et/ou les personnages, rien n’est définitif. Dans les deux cas, les postulats de départ subissent énormément de modifications.

Ne riez pas car c’est un fait : les personnages ont droit à plus qu’un post-it ! Prévoir une feuille A4 afin de pouvoir noter toutes les interactions entre le personnage et l’intrigue et toutes les remarques que vous jugerez utiles.

Concernant les personnages, là encore, deux écoles s’opposent :

En premier lieu, il y a ceux qui attachent beaucoup d’importance à l’élaboration des personnages. Du héros aux personnages secondaires, ils créent une biographie pouvant aller de la simple date de naissance à quantité de détails sur le passé du personnage : sa personnalité, sa famille, ses amis, ses hobbies, etc. Ces scénaristes s’intéressent aussi de fort près aux interactions entre les personnages, par exemple, leur passé commun. Une somme conséquente de détails qui n’apparaîtront peut-être jamais dans le scénario car superflues ou susceptibles d’être modifiés en fonction du plan.

En second lieu, il y a ceux qui brodent la personnalité, voire même le passé de leurs personnages, en fonction de l’évolution de l’intrigue. C’est une méthode à double tranchant car elle peut compliquer le plan en fonction du genre d’intrigue. Dans le cas d’une intrigue linéaire, ça passe. Le personnage s’étoffe au même rythme que le plan. Par contre, s’il s’agit d’une intrigue à tiroirs avec, par exemple des flash back ou des histoires racontées via les points de vue de personnages différents… La méthode complique l’élaboration du plan et confronte l’auteur à plus de risques d’erreurs.

Par contre, s’il s’agit d’une intrigue à tiroir, avec des flash back par exemple, ou des histoires racontées via les points de vue de personnages différents…La méthode complique l’élaboration du plan, et confronte l’auteur à plus de risque d’erreurs…

Mon conseil : finaliser les personnages avant de débuter le plan. De cette manière, pas de place à l’ambiguïté dans l’orientation de l’intrigue. Imaginez que vous dessiniez votre personnage en fonction du plan. Vous vous apercevrez peut-être qu’un détail ne colle pas dans le passé du personnage… vous êtes tenté de l’adapter au plan. Vous changez donc le passé du personnage incriminé. Le problème, c’est qu’il faut aussi modifier l’interaction avec d’autres personnages. C’est comme un château de cartes qui s’écroule… Alors que si le passé des personnages est figé, on ne peut plus y toucher, on réadapte le plan.

Une nouvelle fois, plusieurs méthodes existent, à chacun de choisir la sienne !

Jean Claude

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