Vous voulez écrire un scénario captivant ? Sachez qu’un scénario n’a rien d’un texte littéraire ou poétique. C’est un récit qui sera filmé. Il sera vu. Il servira d’outil de travail à tous les intervenants du film.
Ce que je veux dire par là, c’est que si vous voulez rédiger un scénario réellement captivant, il faut y mettre du soin et une méthode propre aux scénaristes : vous aurez à le structurer, à en créer les personnages, puis les dialogues ; et enfin, vous aurez à analyser et à réécrire votre scénario. Ce sont ces points que vous découvrirez dans l’article ci-dessous.
Mais avant même de réussir à structurer un scénario, il faut veiller, entre autres, à déterminer l’idée ou le thème à aborder. C’est la prémisse de votre histoire. Et pour la réussir, vous aurez besoin de passer par une phase de recherche et de documentation.
Ceci étant dit, commençons !
Structurez votre scénario
Si vous voulez écrire un scénario qui captive, il vous faut le structurer selon le schéma fourni par Joseph Campbell.
Cet homme a étudié les mythes et légendes à succès du monde entier, en a dégagé les points communs, et a composé à partir d’eux un schéma suivi par 99% des films qui existent aujourd’hui.
Suivre le schéma de Joseph Campbell, c’est décomposer la narration de votre scénario en 3 parties ou actes :
1. L’exposition : c’est le premier acte. Il permet de planter le décor. On y présente le personnage principal ou protagoniste, son univers, ainsi que la majorité des personnes secondaires.
À la fin de cet acte, on place le nœud dramatique ou élément déclencheur : un évènement qui bouleverse la vie du personnage principal, lui donne une quête/un but difficile à atteindre et qui le motive tout au long des deux autres actes. Notez que l’élément déclencheur peut être du fait d’un antagoniste.
2. Le développement : c’est le 2ème acte. Il représente la partie la plus longue du scénario. Ici, notre personnage principal cherche à retrouver un équilibre détruit par l’évènement bouleversant. Pour cela, il fait la connaissance d’alliés et d’ennemis. Il affronte des épreuves et des obstacles qui s’enchaînent et montent en intensité
Le deuxième acte s’achève sur le Climax, une ultime épreuve qui mobilise toutes les ressources du personnage principal et qui s’achève par une réponse dramatique : son succès ou son échec définitif.
3. Le dénouement : c’est le troisième acte, la partie la plus brève du scénario. Il montre les résultats, les conséquences de l’histoire.
Chacun de ces actes comprendra, bien sûr, plusieurs séquences. Chaque séquence comprendra plusieurs scènes.
Créez les personnages de votre scénario
Commencez par créer les personnages de votre scénario. Attention, cela ne se limite pas à leur donner un nom et leur attribuer un physique. Cela va beaucoup plus loin :
Dès le début de votre histoire, le public doit avoir l’impression de tout savoir de vos personnages. Il doit pouvoir s’identifier au(x) héros ou tout au moins s’y attacher.
Ce n’est qu’à ce prix qu’il ressentira des émotions à suivre leurs parcours.
Pour y parvenir, vous allez, en 2 étapes, caractériser vos personnages.
- 1ère étape : inventez les personnages
Si vous voulez inventer des personnages auxquels votre public va s’identifier et s’attacher, évitez à tout prix les clichés : le bon, le méchant, etc.
Au contraire, rendez vos personnages originaux et uniques, comme s’ils étaient réels. Donnez-leur un nom, un physique, un âge, une religion, un quotient intellectuel, des qualités et défauts, des passions, etc.
Vous devez être capable – si on vous le demandait- de raconter la biographie complète de chacun de vos personnages.
- 2ème étape : Faites-les exister à l’écran : montrez leurs particularités
Maintenant que vous connaissez vos personnages et ce qui les fait, vous devez transmettre ce savoir à votre public-cible sans leur « raconter » lesdits personnages, ce qui détruirait l’intrigue.
Vous devez plutôt montrer qui est chacun d’entre eux.
Pour cela, vous disposez de 2 moyens :
- Utiliser des images pour faire comprendre au public qui est votre personnage.
Au niveau matériel, servez-vous de son apparence physique, de ses vêtements, de son style de vie, etc., pour fournir de nombreuses informations sur votre personnage.
Au niveau psychologique, vous définirez soigneusement les actions et réactions de votre personnage, son attitude face aux divers évènements de l’histoire. C’est elles qui montreront à votre public ses motivations et désirs ; ce qui permettra au public de le comprendre, de s’y identifier ou de s’y attacher. - Vous servir du dialogue : ici aussi, évitez de raconter. Montrez plutôt. Votre personnage n’est pas caractérisé par ce qu’il raconte, mais plutôt par sa façon de parler : le vocabulaire qu’il utilise, son registre de langue, l’émotion cachée derrière ses mots, son intonation, son débit, ses relations avec d’autres personnages, etc.
Si à la lecture de votre dialogue, on sait instinctivement (sans lire le nom) lequel de vos personnages a pris la parole, c’est que vous avez bien travaillé. Vous saurez que vous avez réussi à montrer, à travers le dialogue, qui est votre personnage.
Et n’oubliez jamais ceci : ce qui rend un personnage très attachant, c’est son humanité : il a peur, il hésite, il fait des erreurs, il connaît des échecs, il mûrit avec l’expérience. Construisez une intrigue qui tient compte de cela.
Le personnage que vous caractériserez le plus, c’est bien sûr le protagoniste ou personnage principal ou héros. Mais vous devez travailler chacun de vos personnages. Chacun d’entre eux, qu’il s’agisse d’un allié du protagoniste, de l’antagoniste, d’un allié de l’antagoniste, etc., doit contribuer au déroulement de l’histoire.
Créez les dialogues de votre scénario
Maintenant que vous avez travaillé sur vos personnages, construisez les dialogues de votre scénario. La plus grosse erreur que vous puissiez faire serait de vous précipiter. Évitez donc de créer :
1. Un dialogue bouche-trou : les personnages parlent de tout et de rien pendant de longues minutes. Cela arrive quand vous n’avez pas d’idée. On fait alors du remplissage. La meilleure manière d’éviter cela, c’est de construire son intrigue et de caractériser ses personnages avant de s’occuper de les faire dialoguer.
2. Un dialogue explicatif : les personnages disent ce qu’ils pensent et ressentent alors que ce sont leurs actes qui devraient faire passer le message.
3. Un dialogue qui véhicule votre message principal : cela doit passer par les personnages et ce qu’ils vivent, pas par le biais de vos paroles
Si vous voulez construire des dialogues captivants, voici quelques conseils à suivre :
1. Faites passer les informations en utilisant de préférence des images. Ne vous servez du dialogue qu’en dernier recours ; et faites-le avec les personnages secondaires.
2. Créez des dialogues qui collent à la réalité, qui sonnent juste. Pour cela, écoutez les gens que vous rencontrez dans la vie de tous les jours. Qu’ils soient votre source d’inspiration.
3. Soignez la ponctuation car elle donne le ton.
4. Soignez les respirations de votre texte. Car elles donnent une idée de l’état émotionnel des personnages.
5. Lisez vos dialogues à haute voix. Faites-les lire par d’autres personnes Ainsi, vous les testerez et vous assurerez qu’ils sont compréhensibles et captivants.
Faites attention au sous-texte, c’est-à-dire à ce que les interlocuteurs pensent sans le dire, mais qui s’exprime à travers leurs paroles, consciemment ou pas. Demandez-vous si votre spectateur peut s’en rendre compte. Si oui, c’est le signe que la scène correspondante est bien dialoguée.
Analysez et réécrivez votre scénario
Souvent, on n’aime pas réécrire son scénario. C’est éprouvant à la fois pour votre ego et vos ressources intellectuelles.
Imaginez un peu : vous avez travaillé dur et pensez avoir écrit un chef d’œuvre. Pourquoi mettre de côté votre ego et passer du temps à le réécrire ?
Il est facile de ne pas en avoir envie ; et pourtant, si vous voulez vraiment concevoir un scénario qui captive, le secret est dans l’analyse et la réécriture. C’est là que vous trouverez les bugs, les incohérences, et tout ce qui empêche votre scénario de décoller.
L’analyse et la réécriture porteront en particulier sur les points suivants :
1. Votre exposition ou premier acte : veillez – sans qu’il ne soit trop long- à ce qu’il contienne tous les éléments essentiels : prémisse de l’intrigue, présentation du personnage principal, incident déclencheur ou nœud dramatique, définition de la quête, etc.
2. Le rythme de votre intrigue : évitez les temps morts.
3. La longueur de votre troisième acte ou dénouement.
4. La caractérisation réussie de vos personnages.
5. La suppression ou reprise des dialogues inutiles.
Maintenant, voici quelques conseils pour réécrire efficacement son scénario :
1. Réécrivez votre scénario autant de fois que nécessaire. Prenez le temps qu’il faut pour le faire,
2. Ne soyez pas indulgent avec vous-même. Corrigez tout ce qui n’est pas parfait,
3. Demandez les avis objectifs de personnes qui s’y connaissent en écriture de scénario. Tenez-compte de ceux qui reviennent souvent,
4. Relisez les notes prises avant la rédaction du scénario, et voyez si ledit scénario colle avec votre désir initial,
5. Laissez passer quelques jours avant de rédiger à nouveau votre scénario,
6. Corrigez les fautes d’orthographe, de grammaire, etc. Pour cela, imprimez votre scénario. Vous y verrez plus clair ; et cela sera moins laborieux que de travailler directement sur votre ordinateur.
Après avoir réécrit votre scénario, il vous faudra le mettre en page. Nous en reparlerons dans un prochain article. En attendant, dites-nous dans les commentaires ci-dessous si vous avez déjà écrit un scénario de film et comment vous avez procédé pour le faire.