Cet article regroupe les principales informations sur la directivité des microphones.
Un micro à deux caractéristiques principales : sa technologie et sa directivité. La connaissance de ces deux paramètres vous permettra de correctement choisir votre micro et de l’utiliser au mieux.
Nous parlerons dans cette partie des trois directivités les plus utilisées. Les autres seront traitées dans un prochain article.
Introduction
Les microphones sont des transducteurs. Ils transforment une grandeur physique en une autre. A savoir une variation de pression acoustique ΔP (unité: le Pascal) en variation de tension électrique ΔU (unité: le Volt).
Définition de la directivité
La directivité définit la zone autour de la membrane à l’intérieur de laquelle le micro est le plus sensible. En dehors de cette zone, le micro baisse en performance. D’une part, le rendu sera qualitativement moins bon (par exemple, une voix détimbrée) ; d’autre part, il sera aussi moins « fort » : la variation de pression acoustique captée sera très faible. Logique, puisque le signal sera dans une zone peu sensible.
Directivités couramment employées
Omnidirectionnelle
Le micro capte les sons d’une manière optimale (en fréquence/intensité) quelque soit leur direction. La captation se fait sur 360°. Cette directivité se trouve principalement sur les téléphones (la position « main libre » sans kit en est l’exemple probant), les caméras et APN (appareils photographiques numériques) « entrée » et « milieu » de gamme (il n’est pas rare d’entendre une porte claquer derrière soi, voire même son propre souffle). Les omni servent surtout pour les ambiances car ils captent à 360°. Ils ajoutent ainsi du coffre à une scène. Néanmoins, ils deviennent difficiles d’utilisation si votre espace de tournage est pollué de sons parasites (chaufferie, rue passante, voisins bruyants, etc.).
Cas particulier de cette directivité
Un micro est soumis à l’effet de proximité qui entraîne une forte augmentation des « basses » lorsqu’il est proche de la source. Cela est très gênant dans de multiples cas comme ceux de la voix féminine ou encore de la voix masculine, grave de nature. Un micro omni n’est pas astreint à cet effet de proximité. En le rapprochant de la source, on atténue le bruit ambiant.
Comme on le voit sur le diagramme polaire, la qualité de la captation de la source ne change pas selon les directions. Nos oreilles sont omnidirectionnelles. Par conséquent, il ne serait pas logique de moins bien entendre un son parce qu’il arrive trop « à droite » ou « par derrière ». La nature fait bien les choses… |
Cardioïde
Le micro connaît une forte atténuation à l’arrière. Il est moins sensible aux sons venant « dans son dos » par rapport à ceux qui lui arrivent « de face ». Cela se représente par une zone en forme de coeur inversé.
Comme le montre cette forme fuselée vers l’avant, il y a une atténuation aussi sur les côtés (-3dB à 65° et -6dB à 90°). Comme on peut le voir aussi sur le diagramme polaire, l’atténuation du cardioïde sur les côtés rend difficile son utilisation en reportage. La raison en est le détimbrage ou le sous-mixage d’un son qui peut survenir si l’on ne fait pas attention à sa direction. |
En revanche, sur un plateau où tout est contrôlé, le cardioïde est largement employé (cinéma, TV). Il permet d’isoler une source par rapport aux sons ambiants et de limiter l’impact de la réverbération en privilégiant le champ direct. C’est le micro du pauvre. Si votre budget est réduit, il faut vous rabattre sur cette directivité car vous aurez des dialogues corrects. Vous aurez également la possibilité de capter des sons d’ambiance peu sales (par rapport à un omni).
N. B. Il existe aussi des micros de directivité hypercardioïde. Vers l’avant, ils ont la même directivité que les cardio, mais ils ont aussi une zone de captation à l’arrière qui permet d’avoir un semblant d’ambiance. Dans le cas, bien entendu, où il n’y a pas de pollution sonore. L’inconvénient est que l’on ne peut pas choisir de manière précise le mix entre ce que l’on capte à l’avant (une voix) et le son d’ambiance. Comme les deux captations sont mélangées, il sera difficile d’isoler en post-production la prise de son « avant », au cas où ce que l’on capte à « l’arrière » ne soit plus satisfaisant une fois l’euphorie du tournage passée…
On trouve aussi des supercardioïdes qui sont l’intermédiaire entre les cardio et les hyper. La prise de son à l’arrière sera plus modérée qu’avec un hyper, mais l’inconvénient de ce dernier subsiste (le problème du mixage entre voix et sons d’ambiance). L’avantage de cette directivité dans un lieu contrôlé est évidente. Il s’agit d’ajouter du coffre et du naturel à la prise de son. Chose que l’on peut faire cependant en post-prod avec une plus grande liberté…
Bidirectionnelle
La zone de captation optimale est en forme de 8. Le micro capte parfaitement à l’avant et à l’arrière au contraire des côtés.
L’élément à retenir de cette directivité est que, malgré sa captation BIdirectionnelle, il n’y a qu’UNE piste en sortie. En effet, la stéréo est obtenue par DEUX membranes. Sur ce micro, il n’y en a qu’une, la captation est donc faite en mono. Néanmoins, la piste peut être doublée. |
L’utilisation d’un tel micro est à double tranchant. A première vue, il est idéal pour enregistrer des dialogues. Les personnes sont placées en vis-à-vis et discutent chacune en face du micro.Un souci se pose alors. Puisqu’il n’y a qu’une seule piste en sortie, on ne peut pas pas en post-prod faire les niveaux ou mixer les voix car elles sont « mélangées » dans un seul fichier. Aussi, en captation bidirectionnelle, il faut prendre les précautions suivantes :
- Estimer le volume des voix des personnes qui échangent (pour faire grossièrement les niveaux) ;
- En général, il y en a toujours une qui parle un peu moins fort. Il suffit dans ce cas de placer le micro davantage vers elle que vers son (ses) interlocuteur(s) ;
- Si plusieurs personnes aiment crier ou que le débat est animé, on le place alors au milieu.
Attention cependant à ne pas placer le micro trop près d’une personne par rapport à une autre afin d’éviter l’effet de proximité ! Il serait impensable d’ajouter des basses à une voix féminine cristalline ou au contraire de faire une voix outrageusement grave à un homme. Sauf si vous faites le doublage de Babylon A.D…
Thibault Taccone