Le sous-titrage est une manière de traduire les paroles et les inscriptions d’un film ou d’un programme diffusé à l’écran. Il est le fruit de la collaboration entre un traducteur et un laboratoire de post-production.
Les formats de sous-titrage sont pléthore, mais parmi les plus couramment utilisés on compte le .srt, .stl, .txt, .rtf, .xml, .asc, .scc, et le .mxf. Certains véhiculent de simples informations de texte, tandis que d’autres transportent dans leurs métadonnées des informations dites de « closedcaptionning », c’est-à-dire spécifiques au sous-titrage télétexte sourds et malentendants (SM).
Le « closed-captionning » répond à des normes de typographie et de couleurs strictes imposées par la télévision. La marge de manœuvre du technicien est donc très limitée, car les informations d’affichage sont interprétées et affichées par le récepteur du signal vidéo, et non défini à la création du sous-titre.
La plupart du temps, les normes de couleur utilisées sont les suivantes :
- Blanc lorsqu’un personnage parle à l’écran.
- Jaune lorsqu’un personnage parle hors-champ.
- Rouge pour les indications de bruit.
- Magenta pour les indications musicales.
- Cyan pour les réflexions intérieures ou les commentaires en voix-off.
- Vert pour les indications de retranscription en langue étrangère.
Il faut distinguer trois étapes dans le processus de création des sous-titres:
- Le repérage.
- La synchronisation (ou « calage »).
- La simulation.
- Une quatrième étape peut éventuellement intervenir après la simulation : c’est la correction.
NB : Les explications suivantes seront données en fonction du logiciel payant Annotation Edit.
I.LE REPÉRAGE
L’étape de repérage est effectuée par un technicien spécifique (souvent le monteur ou l’assistant monteur). Elle consiste à relever – à l’aide du Time-code incrusté dans l’image – les points d’entrée et de sortie de chaque dialogue sous la forme :
TC in 01:03:27:22 / TC out 01:03:29:15
Les répliques de chaque personnage sont ensuite notées à la suite de chaque TC :
TC in 01:03:27:22 / TC out 01:03:29:15
– Je suis vraiment trop vieux pour ces conneries, Michel !
Dans le cas où plusieurs personnages parlent en même temps, on préfère noter les deux phrases sur le même sous-titre, mais sur deux lignes différentes :
TC in 01:03:27:22 / TC out 01:03:29:15
– Continue et je vais te péter la…
– Hé on se calme, les gars !
À partir du relevé des dialogues, le ou les traducteurs peuvent commencer leur travail. Il y a généralement un traducteur par langue.
II.LA SYNCHRONISATION
C’est l’étape la plus longue du travail de sous-titrage, car elle consiste à ajuster tous les sous-titres aux dialogues oraux, et à gérer leur temps d’affichage à l’écran.
En effet, les sous-titres doivent s’adapter à la capacité de lecture de notre cerveau, et c’est pourquoi leurs caractéristiques sont normalisées.
On distingue d’une part le nombre de caractères par seconde (CPS), et d’autre part le nombre de caractères par ligne (CPL).
1) Les CPS :
Ils incluent tous les caractères, c’est-à-dire les espaces et la ponctuation. Le nombre de caractères lisibles par seconde varie en fonction des langues. En français et en anglais, par exemple, la moyenne est à 13 CPS. La marge d’affichage tolérée est de +/-2 CPS.
2) Les CPL :
C’est la norme la plus stricte : une ligne ne doit pas comporter plus de 35 caractères, et une image ne doit pas comporter plus de deux lignes de sous-titres. Lorsqu’il n’y a qu’une ligne de texte, on la positionne généralement sur la ligne du bas.
Le logiciel Annotation Edit permet d’ouvrir de très nombreux formats de documents (word, pdf, txt, etc…), et détecte automatiquement la mise en page des sous-titres. Il procède donc à une « pré-synchronisation » durant laquelle il positionne les textes détectés en fonction des time-codes correspondants.
Chaque sous-titre doit, dans la mesure du possible, apparaitre au minimum 1 seconde à l’écran. Sinon (dans le cas d’une vidéo 25 ips), il ne doit pas descendre endessous de 17 images.
On appelle « gap » l’intervalle de temps entre deux sous-titres. Il doit être de 4 images après le précédent sous-titre, et de 4 images avant le prochain.
Timeline
Lors d’un changement de plan dans la scène, un même sous-titre doit obligatoirement être scindé en deux. Pour cela il doit se terminer 2 images avant le cut et reprendre 2 images après. La plupart du temps les fondus enchainés ne sont pas considérés comme des interruptions (à moins d’être assez brusques), et le sous-titre n’a donc pas besoin d’être divisé.
Il arrive que certaines traductions réalisées par des traducteurs non-professionnels, ou n’ayant pas assez d’expérience dans le domaine du sous-titrage, ne puissent pas tenir dans un sous-titre en respectant les normes. Il est essentiel de se rappeler qu’un sous-titre doit permettre au spectateur de comprendre l’histoire et les dialogues tout en lui laissant le temps de voir et apprécier les autres éléments visuels et sonores.
Dans ce cas le sous-titreur peut demander à ce que certaines traductions soient reformulées ou raccourcies pour synthétiser le propos. Parfois, dans la mesure de ses connaissances de la langue et du respect de la traduction originelle, il peut prendre la décision d’effectuer ces changements lui-même. On appelle cette étape intermédiaire l’adaptation, mais tout bon sous-titreur se doit de l’éviter au maximum.
III. LA SIMULATION
Ultime étape du processus de sous-titrage, elle consiste à lire le film ou le programme en présence du réalisateur, du traducteur, et bien entendu du sous-titreur. Cette dernière phase a pour but de vérifier que les sous-titres s’enchainent correctement et qu’aucune erreur de traduction n’a été commise.
Dans le cas d’une traduction en plusieurs langues, la simulation s’effectue à plusieurs reprises en présence des différents traducteurs.
Si des erreurs sont mises en relief, intervient une étape intermédiaire de correction. Sinon, le film est prêt à être vu dans plusieurs langues !
Merci pour cet article tres riche en information.
Excellent article, très enrichissant et intéressant ! Merci !
Bonjour Gaël et Romain,
je suis enchanté d’avoir lu cet article car j’adore le sous-titrage (j’en ai notamment effectué sur des épisodes censurés de South Park) mais je ne connaissais pas toutes les normes. Les codes couleurs, CPS, CPL, gap, les étapes : un régal de découvrir tout cela. Cela permettra également à certains de se rendre compte du temps qu’il faut pour la mise en place des sous-titres (je sais ce que c’est, ça prend du temps !). Merci.
Très bon article 🙂
Merci Clément (et merci à toutes celles et ceux qui ont laissé des commentaires aussi positifs) !
Effectivement sous-titrer est un métier, et en tant que tel il répond à des normes précises. Ayant pratiqué le sous-titrage pour un film -à l’occasion duquel j’avais rédigé cet article-, je confirme que c’est beaucoup de travail et que, comme souvent, l’un des paramètres à prendre en compte est la gestion de l’humain.
Parce qu’il fauta traiter avec le réalisateur, le(s) traducteur(s), la production tout en essayant de faire valoir son point du vue et de s’imposer comme un élément essentiel de la chaîne de création là où on vous considère souvent comme un larbin qui ne fait que taper du texte 🙂
Bravo pour cet article. Moi qui suis très lente à comprendre, j’ai bien saisi tout le processus. Vous avez expliqué avec simplicité ce qui est assez dur à comprendre d’habitude.
Merci pour ces informations ! Et bon courage pour L’Incroyable Odyssée 😉
J’aime le cinéma !
J’aime vos articles et votre sens de partage ….
Merci et bonne chance !
Bonjour,
Quel logiciel de sous-titrage conseilleriez-vous ?
Merci d’avance
Merci de m’indiquer les références de cette « norme ».
Merci beaucoup nous avons déjà eu le document
super article
Bonjour,
J’aimerais savoir si, par convention, on corrige les fautes de français dans le sous-titres ou bien si l’on retranscrit précisément ce qui est dit pour conserver au mieux la langue ?
Nous sous-titrons des vidéos d’interviews et je suis très partagé sur la décision à prendre…
d’avance merci pour votre réponse
Jérôme
Hello Jérome,
Je t’avoue que je ne sais pas trop mais j’aurais tendance à dire que non, mais cela reste subjectif