Peu de temps après les sorties de The Adventures of Tintin : Secret of the Unicorn et War Horse, Steven Spielberg est déjà de retour au cinéma avec Lincoln, narrant les derniers mois du mandat du 16ème président américain. La nation est alors déchirée par la guerre civile et Abraham Lincoln tente tant bien que mal de résoudre le conflit, réunifier le pays, et abolir l’esclavage.

Le cinéaste a clairement choisi de nous montrer toute la grandeur du président, s’attardant sur les moments les plus décisifs de son mandat, mais aussi sur l’homme qu’il était dans la sphère privée. Sa famille n’est pas mise de côté, puisqu’il nous est montré comme un père de famille aimant (les quelques jolies scènes avec ses fils) et vivant une relation plutôt complexe avec sa femme. Le couple est en effet fragilisé par la mort de l’un de leurs enfants au combat. Ce point est sans doute l’une des plus grandes réussites du film d’ailleurs, on regrettera donc que cela n’ait pas été davantage creusé.

L’aspect politique est néanmoins l’axe qui a le plus intéressé Steven Spielberg. On multiplie les débats, les complots, les coups en douce. On félicitera par ailleurs le travail du scénariste qui est parvenu à rendre l’ensemble plutôt clair, même pour ceux qui ne connaissent rien de cette période (dont j’avoue en faire partie).

Cependant le film n’arrive malheureusement jamais vraiment à nous accrocher. Tout est très bavard, et aucun vrai moment de répit nous est accordé (l’humour de certaines scènes est tout de même efficace et vraiment bienvenu). Au final on en ressort avec la sensation d’avoir appris beaucoup sur l’époque, sur la manière dont l’esclavage a été aboli notamment, mais de n’avoir jamais pu réellement s’impliquer émotionnellement dans ce qui nous était présenté.

Beaucoup regrette également, sans doute à raison, que Steven Spielberg n’est pas cherché davantage à nous présenter les failles du président. Celui-ci paraît bien trop droit tout au long du film, assez peu en proie au doute finalement (alors qu’il aurait toutes les raisons d’hésiter à poursuivre ses actions). Les « ennemis » du président (les démocrates donc) sont eux à l’inverse plutôt caricaturaux, car jamais vraiment développés.

Dans la forme le film est une réussite, la mise en scène est très soignée, et la photographie est magnifique. Le montage aussi est efficace, puisque l’ensemble du film reste très lisible malgré sa complexité narrative.

Les acteurs sont dans l’ensemble très convaincants également. Daniel Day Lewis a été plus d’une fois féliciter pour son interprétation du président, à raison. Cependant c’est pour moi Tommy Lee Jones qui tire réellement son épingle du jeu, jouant un Thaddeus Stevens excellent, et sans doute le personnage le plus intéressant du film (il doit se résoudre à des compromis, ne pas exprimer clairement sa pensée, pour que l’abolition de l’esclavage puisse être votée).

Lincoln est donc loin d’être une totale réussite. L’ensemble du long-métrage semble bien trop loin du spectateur pour qu’il puisse s’y plonger réellement et on regrettera au final le manichéisme dans lequel baigne le film (les méchants démocrates VS les gentils républicains). Cependant on appréciera le soin dont Steven Spielberg a fait preuve dans la mise en scène tout au long du film et la limpidité du scénario.

Tiphaine

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