Dans le domaine du cinéma, il est impensable de réaliser une prise de son directement sur un appareil photo. Pourquoi ?

Parce que le micro intégré aux appareils photo est un micro à directivité omnidirectionnelle. Il capte tous les sons quelle que soit leur direction, et avec la même fréquence/intensité !

Conséquences : de nombreux bruits de votre environnement de tournage ressortiront dans votre enregistrement : souffle, bruit d’un brasseur, sirène d’une ambulance qui retentit de façon inattendue, etc.

Si vous voulez réaliser un tournage avec un appareil photo, vous trouverez ci-dessous 2 solutions qui vous permettront de disposer d’une prise de son plus professionnelle :

1ère solution : prise de son en interne avec un appareil photo

La prise de son en interne avec un appareil photo, c’est l’enregistrement du son avec un micro externe directement relié audit appareil par sa griffe porte-accessoires.

Mais attention, vous ne vous servirez pas de n’importe quel micro externe pour  le faire. Vous vous servirez de préférence d’un micro à directivité cardioïde.

Ainsi, vous atténuerez considérablement le volume des sons arrivant à l’arrière dudit micro. De cette façon, vous rajouterez du coffre et du naturel à votre enregistrement tout en évitant que l’ambiance parasite la source.

Bien entendu, ce type de micro ne vous dispense pas de chercher à maîtriser l’environnement sonore de votre lieu de tournage.

Malgré leurs performances, ces micros externes ne sont pas non plus exempts de certains défauts. Heureusement, il existe des façons efficaces d’y pallier.

Prenons par exemple le cas d’un micro à directivité hyper cardioïde très répandu : le VideoMic de la gamme Rode.

videomic

Ce micro canon hyper cardioïde peut aller chercher le son à plus de 10 m avec une très bonne fidélité.

De plus, avec cet hyper cardioïde, certes, on entend les commentaires de celui qui tient la caméra. Mais on sent qu’il se trouve derrière ladite caméra et non à l’avant ; ce qui est le cas lorsqu’on utilise le micro intégré de l’appareil photo.

Par ailleurs, avec ce micro, il est possible de supprimer les basses fréquences par la touche du haut et de rajouter du gain par la touche du bas. Mais attention, en règle générale, il ne faut pas rajouter du gain. Car le faire pourrait produire du souffle dans l’enregistrement, souffle qui s’avère plus sensible dans les aigus. Mais sachez également que le logiciel Audacity vous permet de diminuer les hautes fréquences ; ce qui aide à réduire l’impact d’un souffle éventuel.

Maintenant, voici les faiblesses de ce micro à directivité hyper cardioïde :

  • Le bruit des élastiques (lors des mouvements) que l’on entend. Pour y pallier, il suffit d’installer un tampon entre l’appareil photo et le micro,
  • La capture du son qui se dégrade lorsqu’on s’éloigne de la source. Ici, il n’y a que deux solutions qui tiennent vraiment la route :
  • Régler le niveau sonore en fonction de la source. Exemple : si la voix est forte, on peut réduire la sensibilité du micro ou le reculer.
  • Utiliser des paraboles si l’on veut capturer des sons très lointains de l’appareil photo.

Maintenant, parlons de la prise de son en externe avec un appareil photo.

2ème solution : Prise de son en externe avec un appareil photo

Pour effectuer une prise de son en externe avec un appareil photo, vous aurez besoin d’un enregistreur numérique.

Zoom H4n
Zoom H4n

Vous en trouverez bien sûr plusieurs sur le marché : le Tascam DR40, l’Olympus LS 100, le zoom H6, etc. Mais le plus utilisé reste bien sûr le zoom H4n.

Ce genre d’enregistreurs numériques offre de nombreux avantages :

  • La directivité hyper cardioïde offerte par le VideoMic de la gamme Rode, mais avec la possibilité d’effectuer des réglages beaucoup plus précis et puissants. C’est le cas par exemple du zoom H4n qui propose la fonction stéréo MS Matrix.
  • Possibilité de régler un grand nombre de paramètres : filtre coupe bas, plage de fréquences, gain, sensibilité du son, etc.
  • Un port XLR qui procure un bien meilleur signal.

Maintenant, en voici l’inconvénient principal : la plupart des enregistreurs numériques (tels que le H4n) enregistrent le son indépendamment de l’image.

Conséquences : lors du montage, vous êtes obligé de procéder à la synchronisation du son noble (celui pris par l’enregistreur) avec le son témoin (celui pris par votre appareil photo).

Certes, vous pouvez le faire manuellement. Mais un moyen beaucoup plus facile d’y arriver, c’est d’utiliser Pluraleyes, Adobe Première Pro ou  Final Cut Pro dans sa version 10. Découvrons chacune de ces options :

  • Si vous comptez synchroniser manuellement en post-production, veillez par exemple à taper dans vos mains plusieurs fois au début et à la fin de vos enregistrements. Cela vous aidera à repérer rapidement les claps ou les hauteurs de courbe plus importantes ; ce qui vous permettra de « caler » le son noble sur le son témoin en vous servant des dessins de courbe quasi-identiques.

Mais vous pouvez également faire ce travail si vous veillez à bien repérer les timecodes lors de la prise de vues.

  • Si vous comptez vous servir de Pluraleyes, sachez qu’il resynchronise tous les fichiers audio et vidéos- se trouvant sur des pistes différentes- et remplace le son témoin par le son noble.
  • Quant à Adobe Première Pro, sa commande « Fusionner les éléments » vous permet de synchroniser automatiquement un clip vidéo avec un fichier son. Idem avec la version 10 de Final Cut Pro grâce à sa commande « Synchroniser les plans » !

Maintenant, sachez qu’il existe d’autres façons de régler ce problème de « Son pris indépendamment de l’image » avec les enregistreurs numériques :

  • Par exemple, le JuicedLink CX 231, un autre genre d’enregistreurs numériques, vous permettra de prendre le son en même temps que l’image lors de votre tournage à la condition d’installer le logiciel Magic Lantern.
  • Un autre exemple ? Si vous ajoutez le JuicedLink CX 231 à votre zoom H4n, ce dernier enregistre le son sur votre appareil photo ; ce qui vous permet, lors du dérushage, de récupérer en même temps l’image et le son déjà liés.

Et si les solutions mixtes ne vous dérangent pas, vous pouvez recourir au Foster DC-R302 ou encore au DR-60D de Tascam :

  • Le Foster DC-R302 est un enregistreur 2 canaux sur carte SD -mixeur 3 voies. Il aide à enregistrer un fichier bi-piste sur la carte SD avant de procéder à la synchronisation lors du montage ; et pour ne rien gâcher, le son est déjà pré-amplifié.
  • Le DR- 60D de Tascam est un préampli-enregistreur à 4 pistes (2 entrées XLR avec 48 V, une entrée stéréo sur minijack).

Voilà, vous avez là une idée des différentes solutions de prise de son en interne/en externe avec un appareil photo. Et vous l’avez probablement compris : les solutions de prise de son en externe offrent des résultats beaucoup plus professionnels.

Maintenant, sachez ceci : si vous disposez d’un budget confortable de plusieurs milliers d’euros au minimum, faites appel à un perchiste/cadreur.

Vous bénéficierez alors d’un son de qualité ultra-professionnelle ; et vous disposerez d’un contrôle total sur le son. Par exemple, si vous le désirez, les effets de profondeur de champ pourront être appuyés par des plans sonores !

Voilà, avez-vous une expérience de la prise de son avec un appareil photo ? Si oui, merci de la partager avec nous dans les commentaires ci-dessous !

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