Qui, dans le monde du cinéma hollywoodien, a gravé son nom dans le marbre en réalisant un film d’horreur science-fiction qui deviendra l’un des piliers de la pop culture, un péplum qui redonnera vie au genre et qui a via son premier film séduit les critiques de Cannes ?

Il y a de fortes chances que vous ayez déja la réponse si vous avez lue le titre de l’article…
Nous allons voir ce qui lie ces trois œuvres et le cinéma de Ridley Scott en général. Nous allons aussi voir qu’au final ces œuvres sont non seulement très proches, mais qu’elles ont quasiment la même démarche.

Les Duellistes, prémices graphique

Commençons par les Duellistes, film de 1977 pour lequel Ridley Scott sera récompensé du Prix de la Première Œuvre. On retiendra évidemment de ce film les performances d’Harvey Keitel et Keith Carradine. Le film suit deux soldats français durant les guerres napoléoniennes qui s’affrontent régulièrement en duel pour des raisons absolument pas amicales. Le scénario de l’oeuvre s’arrête quasiment à cette phrase.

Ce qui convaincra les jurés du Festival de Cannes de la qualité du film, c’est son aspect graphique. En effet, nombre de plans font directement référence à des tableaux de l’époque. En 1977, la plupart des effets spéciaux tels qu’on les connait aujourd’hui étaient encore balbutiants. C’est donc avec une grande maitrise technique que Ridley Scott a su proposer des images subjuguantes, si bien qu’aujourd’hui encore leurs reproductions n’est pas évidentes.

harvey-keitel-les-duellistes

Cet attrait pour les « belles images » et une charte graphique travaillé à la perfection est ce qui distingue Ridley Scott des autres réalisateurs. À l’avenir, il oubliera souvent l’originalité de ses scénarios ainsi que la profondeur de ses personnages pour se concentrer sur la représentation graphique d’un univers. De la même façon il fera parfois des erreurs dans les costumes et les couleurs volontairement pour se concentrer, non pas sur l’exactitude des faits, mais sur la représentation d’une fresque historique voir mythologique.

Ridley Scott est un peintre.

Selon la légende, c’est grâce à une peinture mettant en scène un combat de gladiateurs que les producteurs ont convaincu le réalisateur de s’attaquer à Gladiator.

De Gladiator, on notera surtout ce plan sur le Colisée, beaucoup trop grand et baignant dans une atmosphère totalement irréelle. On distingue aussi les perspectives et un ton légèrement dégradé qui laisse bien entrevoir la volonté du réalisateur de faire référence à la peinture.
Que ce soit les champs de blé, les combats entre gladiateurs ou les édifices, tout ramène à la peinture.

Gladiator Ridley Scott

Et Alien alors ?
Difficile de voir en Alien la représentation dune fresque lyrique aux envolées héroïques. La plupart d’entre vous savent peut-être que Ridley Scott s’est inspirée du travail d’H.R Giger pour sa créature, mais aussi pour le désign du fameux vaisseau Spacejockey (ou Ingénieurs selon votre préférence).

Mais Ridley Scott ne s’arrête pas là. Le Nostromo est aussi lui même un organisme vivant. La fumée, l’humidité, les automatismes se caractérisent graphiquement. Ses structures de cylindres et de tuyaux peuvent se comparer à des veines et boyaux. On remarquera d’ailleurs que l’Alien est d’ailleurs beaucoup plus intégré au vaisseau que l’équipage lui même.

La scène où l’Alien fait sa première apparition permet de se rendre facilement compte de ces aspects.
Tout d’abord, la pièce dans laquelle se situe l’action est atrocement humide, d’où vient toute cette humidité ? Est-ce réellement logique ?
Si on regarde, les formes présentent dans la pièce, on distingue aisément des objets sphériques faisant penser aux œufs du vaisseau. Les formes de façon générale dans cette pièce font d’ailleurs penser au vaisseau des SpaceJockey.

Au final, Alien est une œuvre tout aussi graphique voir même plus encore que les deux autres. Mieux, le propos est totalement fondu dans le graphique. En effet, c’est cet environnement hostile qui est en fait censé être « La mère » des protagonistes principaux qui se retrouve en réalité être leur pire ennemi. Ce qui vient à nous interroger sur qui est vraiment l’étranger (alien en anglais) dans ce vaisseau. Le monstre ou les humains qui y habitent ?

Pour conclure sur ce cher Ridley Scott, j’entends beaucoup de mes collègues cinéphiles foncièrement déçus par ces dernières réalisations, que ce soit Prometheus, Robin des Bois ou plus récemment Exodus. De mon point de vue, Scott reste au contraire fidèle à lui même, en proposant des fresques graphiques pas forcément tape-à-l’œil. Cela dit, le divertissement vient aussi du scénario et des personnages principaux. Aussi je peux comprendre que des spectateurs qui s’y rendent pour être divertis n’obtiennent généralement pas l’effet escompté. Personnages clichés, histoire convenue, etc. Oui ce sera présent dans les films de Ridley Scott, car l’intérêt n’est pas là. Il est dans la construction graphique.

Donc de la même manière que vous n’allez pas voir un film de Michael Bay pour son propos philosophique ou un film de Hitchcock pour sa comédie burlesque, n’allez pas voir un film de Scott pour ses personnages, son histoire. Allez-y pour son propos graphique et artistique, ainsi que pour certaines réflexions qu’il peut y avoir via ce procédé.

Je serais curieux d’avoir votre avis dans les commentaires sur ce réalisateur que j’affectionne particulièrement. De ce fait je vous encourage à vous exprimer là dessus

Arnaud

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