Le dossier sur les appareils reflex continue. Après avoir éxaminé l’ouverture, nous allons aujourd’hui découvrir les deux autres grands réglages de l’exposition.
La sensibilité
En captation d’images, la sensibilité correspond à la façon dont réagit la surface sensible (pellicule/capteur) à la lumière, à savoir la quantité de lumière que cette surface peut absorber. Une grande sensibilité crée une image avec de hautes lumières alors qu’une faible sensibilité produit naturellement des images plus riches en tons obscurs.
La sensibilité s’exprime selon l’échelle de mesure ISO : un film de 400 ISO est plus sensible qu’un film de 200 ISO. Un capteur réglé à 800 ISO sera plus réceptif à la lumière qu’à 100 ISO.
Sur les pellicules, l’ISO n’est évidemment pas réglable. On choisit un film pour sa sensibilité, et elle reste identique (a priori) jusqu’à épuisement des poses. Entre deux valeurs normalisées d’ISO (qui suivent la progression d’une suite géométrique de raison 2, donc en multipliant/divisant par 2), il y a deux fois plus/moins de lumière incidente. A 800 ISO, la surface capte deux fois plus de lumière qu’à 400 ISO.
La sensibilité joue sur l’aspect global de la photo, c’est pourquoi on verrouille ce paramètre en premier. Il est difficile de donner une valeur passe-partout car le réglage dépend de l’environnement, du boîtier et de l’optique. Disons qu’en intérieur, on est aux alentours de 800 ISO et en extérieur dans les 400. Encore une fois, un extérieur nuageux est différent d’un extérieur ensoleillé. Un extérieur ensoleillé le sera plus à Marseille qu’à Paris…
LA Vitesse d’obturation
Il y a deux manières d’envisager cette notion de lumière qui impressionne. Soit du point de vue de la lumière (temps d’exposition = temps pendant lequel elle écrit sur la surface sensible) ou du point de vue de l’obturateur (vitesse d’obturation = durée que met l’obturateur à s’ouvrir et à se fermer).
En théorie, plus la lumière impressionne en durée, plus l’image comporte de hautes lumières. En réalité, ce n’est pas si simple. Si le temps d’exposition est conséquent (parce qu’on ferme le diaphragme), la lumière « rentre » autant de temps. Mais si l’obturateur reste ouvert, il ne faut pas bouger car sinon on obtient une photo floue. A main levée, il ne faut pas que la focale exprimée en mm (lisible sur l’objectif) soit supérieure à la valeur de la vitesse. Ainsi, à 30mm, la vitesse maxi est une 30e de seconde. A 200mm, la vitesse maxi est une 200e de seconde.
Trivial mais efficace. Si malgré cela vous voulez dépasser la vitesse autorisée (par exemple, choisir 10 secondes d’exposition pour faire un filet sur une cascade ou sur des phares de voiture la nuit), il vous faut imperativement un pied. Ne soyez pas têtus ! Croyez-moi, il est physiquement impossible d’être net ! La valeur de la distance focale en mm est le nombre en face du repère blanc. Dans notre exemple, elle se situe aux alentours de 30mm, donc une 30e de seconde maximum !
© Canon
Une distance focale (focale, en pratique) LONGUE (200, 300, 600mm) est dite TELE. Elle est utilisée pour les reportages animaliers ou par les paparazzi qui ont besoin de « voir très loin ». A l’inverse, une focale courte (10, 18mm) est dite WIDE, c’est-à-dire grand angle. Une focale « très » wide est appelée FISHEYE. Grâce à elle, on voit presque à 180° ! Mais ne vous méprenez pas, l’image est déformée sur les côtés et les perspectives faussées. Cela peut donner un style mais il faut l’assumer. Une focale de 50mm correspond à peu près au champ de vue humain.
Il y a des objectifs à focale fixe, par exemple le 50mm. Les grands avantages de cette optique est d’abord sa luminosité (elle peut ouvrir jusqu’à f:1,4 voire f:1,2 !) mais surtout sa qualité car les lentilles sont vraiment soignées. Sans oublier le fait qu’elle vous oblige à vous déplacer et à chercher des angles originaux, quitte à paraître ridicule en se tenant sur un pied ou en étant plié en deux ! Une FF (focale fixe) qui ouvre à 1,2 peut coûter jusqu’à 1000€.
Mais comparé à un télézoom 600mm à 6000€, ça fait petit joueur ! D’autre part, il y a des objectifs à focale variable, communément appelés ZOOMS. Ils permettent de changer de focale et donc de « s’approcher » ou « s’éloigner » du sujet sans changer de place ! Pratique, polyvalent, il n’en demeure pas moins lourd, encombrant et délicat à manier. Cependant, certains modèles de bonne facture ont une ouverture constante, ce qui les rend utilisables dans des lieux sombres (2,8, par exemple, pour le CANON 17-55 mm EF-S F2.8 IS USM).
Il n’y a pas de règle pour les vitesses. Non, je plaisante ! Si vous choisissez une vitesse d’obturation très grande (1/3000e de seconde, par exemple), l’image sera figée. En effet, l’obturateur va rester peu de temps ouvert. Donc, outre le fait qu’il faille ouvrir le diaph pour avoir de la lumière, il faut aussi tenir compte du rendu de la vitesse de déplacement du sujet. Photographier un vélo au 2000e fait un effet très bizarre car on dirait qu’il tient debout par l’opération du Saint-Esprit. Il faut donc ajuster la vitesse d’obturation selon la vitesse de déplacement du sujet et accompagner le mouvement avec le corps afin de créer un joli flou d’animation naturelle. Encore une fois, il n’y a pas de valeur repère car cela dépend du contexte. Il ne vous reste plus qu’à vous entraîner !
J’ai volontairement exagéré le flou de la moto pour bien comprendre l’idée. Au vu de la vitesse de la moto par rapport à celle des piétons, ceux-ci seront relativement figés, sans être non plus immobiles.
les Cas particuliers
La photo est une affaire de compromis. Dans le cas d’un grand contre-jour (source lumineuse très intense en face de vous), il faut impérativement réduire le flux lumineux incident. Pour cela, soit on ferme (f:16) soit on choisit une grande vitesse d’obturation (2000e). Si on ferme, on aura une très grande profondeur de champ ; si on choisit une grande vitesse, il sera impossible de rendre compte d’un déplacement.
Aussi, si vous devez photographier un paysage, je vous conseille de fermer pour avoir une grande profondeur de champ et d’augmenter votre vitesse. Car un paysage, a priori, est immobile. Sachez aussi qu’à f:5,6, l’optique travaille mieux, c’est une question de fabrication.
Dans le cas du crépuscule, je me pose les mêmes questions que dans le cas du contre-jour. Si je photographie ma copine qui passe en vélo sur le bord de la route, j’ai plutôt intérêt à ouvrir et baisser ma vitesse pour avoir un léger flou agréable tout en l’exposant correctement (elle est pas si moche que ça). Si ma copine se tape une pose au pied d’une montagne le soir, je peux faire le choix de la détacher en ouvrant à fond (f:1,4, si l’optique le permet) et en mettant une vitesse très faible (exemple, 3 secondes. Penser au trépied). Si je veux l’avoir avec la montagne, je suis obligé de fermer pour avoir de la profondeur (pour qu’elle et le paysage soient nets) et de réduire encore plus ma vitesse (pourquoi pas 5 secondes s’il fait vraiment sombre).
Pour résumer
- Je verrouille ma valeur d’ISO en fonction de la lumière ambiante ;
- Je fais le choix d’une profondeur de champ importante/faible ou je me plie à la lumière ambiante en cas extrême ;
- Je fais le choix d’une vitesse selon mon diaphragme et le rendu dynamique que je désire.