Nous allons parler des 3 différents raccords les plus présents entre les plans d’une même séquence (et non pas entre le premier plan d’une séquence et le dernier d’une autre).
Un raccord est une continuité qui sert à faire le lien entre deux plans d’une même séquence.
Rappel : une séquence est une unité du film composée d’un plan séquence ou de plusieurs plans qui ont comme lien entre eux une unité de temps et une unité de lieu.
Les 3 types de raccords principaux sont le raccord regard, le raccord dans l’axe et le raccord mouvement. On peut trouver des dérivés ou des hybrides de ces 3 raccords, mais considérez-les comme des basiques indispensables à connaître.
1/ LE RACCORD REGARD
En vidéo ou même dans une image fixe, notre regard est naturellement dirigé vers les yeux du personnage (s’il y en a un et notamment s’il est tout seul). C’est le regard du personnage qui va donner du sens à la scène mais aussi au plan suivant, le contrechamp.
Le contrechamp est le plan placé juste après le plan précédent dans l’axe opposé.
Il y a souvent un champ/contrechamp dans un dialogue (ou lorsqu’un personnage regarde quelque chose et que l’on voit de quoi il s’agit dans le plan suivant). Si notre personnage regarde quelque chose ou quelqu’un dans un plan, la logique cinématographique veut que normalement, dans la majorité des cas, on verra ce qu’il regarde au plan suivant.
Sur l’image au dessus, notre personnage regarde quelque chose.
En suivant son regard, on comprend qu’il regarde le second plan :
C’est son regard qui a lié les 2 plans : on a un raccord regard.
Retenez bien que la direction vers laquelle votre personnage n’est pas anodine, et que cela donne un sens à la scène.
2/ LE RACCORD DANS L’AXE
Lorsque deux plans se suivent et qu’ils ont le même axe, mais pas la même valeur.
Ici le raccord dans l’axe est assez évident. On peut aussi en voir un autre, un peu plus subtil.
Si dans notre raccord dans l’axe on a une première valeur large et une seconde serrée, cela nous permet d’insister sur un élément.
A contrario si on passe d’un plan serré à un plan large, cela va permettre soit de contextualiser, soit de « désintensifier », d’affaiblir ou de nuancer.
En institutionnel, ce raccord est souvent utilisé pour donner l’impression qu’il y a deux caméras. On l’utilise aussi pour couper une partie qui est « mauvaise » et raccorder la bonne partie précédente à la partie suivante.
Ce raccord est extrêmement lié aux deux autres raccords, regard et mouvement. C’est important que le personnage regarde au même endroit entre les deux plans et qu’il y ait une continuité dans ses mouvements.
Exception faite pour les vidéos Youtube qui utilisent très souvent le raccord dans l’axe, mais négligent totalement les fautes de regard et les fautes de raccord. Au contraire, on a même tendance à aimer ça, parce que cela donne du rythme à la vidéo. Cela fait partie de la « grammaire youtubesque ». Un podcast vidéo est très différent d’une fiction : la continuité et la cohérence entre les plans ne sont pas indispensables.
3/ LE RACCORD MOUVEMENT
Un mouvement commence dans un plan A et finit (ou continue) dans un plan B.
Dans notre exemple, il y a un plan mouvement assez visible
Le personnage commence un mouvement dans le plan A et le continue dans le plan B.
Attention : quand un personnage sort par un côté du cadre, il rentre par le côté opposé sur le plan suivant.
S’il sort par la droite, il rentrera par la gauche :
S’il sort par la gauche, il entrera par la droite :
Et s’il sort par le bas, il rentrera par le haut :
S’il sort par le haut, il rentrera par le bas :
NB : Il faudra également faire attention aux raccords costumes, aux raccords lumière et aux raccords d’ambiance sonore, qui peuvent devenir des fautes de raccords.